L’escalope…

Posté par dans Végétalisme

Aujourd’hui, à midi, j’ai commandé une escalope et je l’ai mangée ; une escalope de veau panée. Je ne consomme pas beaucoup de viande, de temps en temps du poulet bio.

À midi, le restaurant végétarien le plus proche est à 25 minutes de marche. N’ayant qu’une heure et demie de pause, autant dire que ça me laisse peu de temps pour déjeuner.

Après avoir terminé mon assiette, une petite voix me dit : « Tu as mangé ça ? ». « Oui » répondis-je.

Tout en mangeant, j’avais pensé au petit veau arraché à sa mère, à la souffrance de celle-ci qui, pendant des jours et des nuits, l’appelait de ses pleurs déchirants pour qu’il revienne.

Je répondis à cette petite voix que je le savais… Oui, en toute connaissance de cause, j’avais participé à un acte que je trouve cruel et barbare. Pourtant, cet être vivant était déjà mort, prêt à être mitonné pour satisfaire l’insatiable appétit des humains, dont je fais évidemment partie. Et je ne pouvais pas le faire revenir à la vie, il était déjà cuit. Je me trouvais tellement désemparé par ce que me reprochait cette petite voix…

Je mange rarement du bœuf, de la vache pour être plus précis, les petits veaux étant destinés à être abattus avant même d’avoir vécu leur enfance, il ne reste plus que les femelles dont on se servira pour qu’elles produisent du lait pendant toute leur vie et leur viande à la fin de celle-ci.

Je pense alors aux vaches que l’on voit dans les Pyrénées, celles qui ont la chance de pouvoir vivre quelques mois de liberté dans les estives, qui vêlent seules un petit veau dont elles pourront s’occuper comme toute bonne maman. Je pense à leur chance de pouvoir vivre dans des paysages idylliques et de choisir la plante qu’elle vont pouvoir manger et non pas l’aliment insipide fabriqué par l’homme.

Je pense alors à l’industrie productiviste qui ne se soucie guère du bien être des animaux, transformés en objets de consommation qui ne représentent pour elle que des poignées de billets sensés représenter la richesse.

Et je pense que je suis décidément un pauvre type qui n’aurait pas du commander ce plat. Que ce jour, j’aurais du me défaire du conditionnement que l’on m’avait imposé.

Je me souviens de mes premiers repas à base de viande, j’avais deux ou trois ans.

D’abord, je n’aimais pas le goût, une fois dans ma bouche, je mâchais, je mâchais et je mâchais encore, sans pouvoir avaler la boule fibreuse qui s’était formée dans ma bouche écœurée. Je la crachais sur le bord de l’assiette, en pleurant de honte, sous les remontrances de mes parents qui voulaient que j’ingurgite cette viande nauséabonde. Un jour, pour faire plaisir à ma mère, j’avalais la viande sans même la mâcher, pour ne pas sentir son goût ni sa consistance. Ma mère me félicita…

Mais ce soir, je me souviens de ce qui me dégoutait tant. Pourquoi m’a-t-on forcé à me nourrir de ce que je n’aimais pas alors que je ne le désirais pas. Je revois mon enfance, tout cet écœurement et me dis que je ne le voulais pas ; aujourd’hui, je sais ce que je veux.

Paturage

Photo du haut : vache heureuse dans les Hautes-Pyrénées
Photo du bas : estive près du Pic du Midi d’Ossau